Fermeture des papeteries Etienne : lettre au préfet

Monsieur le Préfet,

 

L’objet de notre association, NACICCA, est de militer pour la protection de la Nature et la Citoyenneté dans notre région de Camargue, de la Crau et des Alpilles. A ce titre, la cessation d’activité d’International Paper qui entraîne la fermeture des papeteries Etienne sur la commune d’Arles nous interpelle à plus d’un titre.

 

Nous ne pouvons tout d’abord que regretter la décision du groupe américain basée sur une logique financière où rentabilisation à court terme et lois des actionnaires s’opposent au simple point de vue industriel, économique et social. La note est salée pour les 110 salariés des papeteries et le bassin d’emploi du pays d’Arles. Comment accepter la logique de ces grands groupes qui prévaut aujourd’hui de sacrifier les emplois sur l’hôtel du marché financier d’une part, en laissant nos élus impuissants, et de pratiquer couramment le chantage à l’emploi d’autre part pour que ces mêmes élus acceptent et promeuvent tout projet, quelque soit leurs conséquences sur le tissu social, la santé public ou l’environnement à moyen et long terme.

 

Dans ce contexte où tout profit si petit soit-il est toujours bon à prendre et les coûts minimisés, vous comprendrez que nous accorderons une vigilance particulière aux études et actions de dépollution et de mise en sécurité qui seront mises en œuvre sur le site industriel et notamment sur la parcelle BM07 appartenant à International Paper. Au regard de l’ancienneté de l’exploitation et du potentiel polluant de ses activités et de son matériel, toute étude qui ne s’appuierait uniquement que sur les éléments fournis par les Papetries Etienne nous paraîtrait inadaptée.

 

Enfin, en pleine crise de la pollution au PCB du Rhône début 2008, NACICCA démontrait que le rejet de billes de polystyrène dans le Rhône, dont l’accumulation sur les berges atteste de son ancienneté, provenait des mêmes papeteries, preuve supplémentaire du fort esprit de citoyenneté de l’entreprise. Avec France-Nature-Environnement et Environnement-Méditerranée qui se sont portés partie civile, une plainte a été déposée par notre association en janvier 2008. Un arrêté préfectoral a ensuite été pris le 20 février 2008 imposant des mesures d’urgence pour réduire les rejets [1]. Nous n’avons à ce jour aucune nouvelle de l’instruction de cette plainte. Mais qu’en est-il de la dépollution des berges du Rhône par International Paper quand on sait que chaque nouvelle crue réinjecte dans le fleuve le polystyrène accumulé ? A ce titre, NACICCA demande à ce que la dépollution des berges du Rhône soit ou bien inclus dans le plan de dépollution du site industriel ou pris en charge par International Paper.

 

En attendant une réponse de votre part sur ce dernier point, veuillez recevoir, Monsieur le Préfet, nos sincères salutations.

 

Le CA de NACICCA

 


[1] Suite à une simple proposition technique d’un de nos membres lors d’une rencontre avec la direction des papeteries, un système de filtrage temporaire, sans investissement conséquent par l’entreprise, a permis de réduire considérablement les rejets.