La mise à profit des chiens pour l’écologie

Depuis la domestication du chien (originellement issu de loups domestiqués) par l’Homme, celui-ci s’est avéré être un précieux compagnon. À l’origine, son rôle principal était essentiellement de rabattre le gibier et de le retrouver, puis de défendre les humains et leur troupeau vis-à-vis des prédateurs sauvages. L’extraordinaire flair des chiens a longtemps été utilisé pour la chasse.

 

Depuis, on utilise également les chiens pour détecter des personnes ensevelies sous des avalanches, pour la recherche de drogues, d’explosifs ou encore de truffes. Depuis quelques années, le corps médical se sert même des chiens pour détecter certains cancers.

 

Mais connaissez-vous l’utilisation des merveilleuses capacités olfactives des chiens par les biologistes ?

 

Une équipe de chercheurs de l’université de Washington est tout spécialement dédiée à cette technique1. Cette équipe, créée il y a une vingtaine d’années par Heath Smith, travaille actuellement dans le monde entier dans le cadre de programmes de conservation. Les chiens, sélectionnés à l’âge adulte dans des refuges pour leurs qualités comportementales et de toutes races et origines, sont ensuite dressés pour détecter des plantes rares ou invasives, ainsi que des fèces de nombreuses espèces. Il peut aussi bien s’agir de grands carnivores, de micromammifères, de mammifères marins, de reptiles….

 

Et les crottes permettent d’obtenir une multitude d’informations_: connaître l’identité de l’espèce et de l’individu (et donc de savoir si l’espèce recherchée est encore présente et de calculer la taille des populations), mesurer les hormones, évaluer la présence de pathogènes, ou encore mesurer la présence de polluants.

 

 

Les chiens peuvent être formés à rechercher plusieurs espèces en même temps, et passer d’une espèce à l’autre au gré des études. En s’asseyant suite à une découverte, le chien permet d’indiquer sa trouvaille à son maître. La vidéo  ci-dessous illustre même la recherche en bateau de crottes et d’urine d’Orque (qui flottent seulement 5 minutes à la surface) à l’aide d’un chien !

 

 

 

 

En France, l’utilisation de cette technique n’en est encore qu’à ses prémices. C’est l’Office National de la Chasse et de la Faune sauvage (ONCFS) qui a initié le mouvement. Jérôme Sentilles, membre de l’équipe de suivi de la population d’Ours brun dans les Pyrénées, utilise Iris, chienne de race berger malinois, pour rechercher les crottes du plantigrade. Chaque crotte trouvée est ensuite analysée génétiquement et permet, si l’échantillon est de bonne qualité, d’identifier individuellement chaque ours. Le flair de cette chienne a permis d’augmenter considérablement la détection des crottes.

 

Depuis peu, deux setters anglais sont utilisés par Fabien Rozec dans les Maures (Var) pour détecter les tortues d’Hermann. Leurs services sont employés lors de travaux d’entretien des pistes pour lutter contre les feux de forêts. Ces travaux, quand ils sont conduits par des moyens mécaniques, peuvent être meurtriers pour cette espèce de tortue terrestre. Les chiens permettent de localiser et de récolter les tortues peu de temps avant le passage des girobroyeurs, et de les relâcher au même endroit aussitôt l’opération d’entretien terminée.

Enfin, deux chiens en provenance du Portugal ont également été utilisés ce printemps pour rechercher la présence du Lézard ocellé et de ses crottes sur le domaine de la Tour du Valat en Camargue, et améliorer la détection du Criquet rhodanien dans les coussouls de Crau.

 

1. http://conservationbiology.uw.edu/conservation-canines/