C’est sur une lagune de Camargue de plus de 650 hectares que le Grand Port Maritime de Marseille planifie le creusement d’une liaison fluviale et l’aménagement d’infrastructures logistiques et industrielles. Un projet de plus en plus remis en cause par la biodiversité exceptionnelle du site.
En 2009, l’association NACICCA découvrait sur la lagune du Caban, site d’implantation du projet, plusieurs espèces de plantes rarissimes et menacées. La présence de ces espèces avait déjà contribué à fragiliser et à retarder le projet.
De nouvelles prospections viennent de mettre au jour d’autres enjeux biologiques majeurs. Découverte d’une plante insolite, endémique et protégée en Europe La Riella à thalle hélicoïde – c’est son nom – ne dépasse guère 3 centimètres de haut. Cette mousse aquatique, habillée d’une unique feuille en forme d’hélice, ne se développe qu’en eau saumâtre. Alors qu’elle n’était connue en France que sur une seule petite zone humide de l’Hérault, des dizaines de milliers d’individus viennent d’être découverts sur la lagune du Caban. Menacée d’extinction selon les spécialistes européens, cette plante est strictement protégée par la convention de Berne et figure parmi les espèces d’intérêt biologique communautaire listées par l’Union Européenne. Sa présence en très grand nombre sur ce site devrait raisonnablement entraîner son classement en Zone Spéciale de Conservation et son intégration au réseau d’espaces protégés Natura 2000.
Des libellules menacées, des crapauds en pagaille
Petite libellule bleu ciel, aux ailes ornées d’un grand point noir, le Leste à grands stigmas ne vit que dans les marais temporaires saumâtres. Des milliers de spécimens ont été recensés cet été sur la lagune du Caban. Elle abriterait donc une part significative de la population camarguaise. En France, cette libellule est circonscrite à deux secteurs littoraux seulement, dont le sud-est du delta de Camargue. Selon les critères de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature, ce Leste est en danger d’extinction dans l’Union Européenne. Il constitue d’ailleurs, pour la région PACA, l’espèce phare du « plan national d’actions » en faveur des odonates.
Les centaines d’hectares de lagune profitent également aux amphibiens, en particulier au Crapaud calamite, une espèce strictement protégée en France. La population de mâles reproducteurs, estimée ici à 5000 individus environ, n’a pas d’équivalent en Camargue. 2010, année de la biodiversité ou année de son saccage en Camargue ? En application des législations en vigueur et des principes du Grenelle de l’environnement, l’association Nacicca a demandé au ministère de l’écologie le déplacement du projet et la protection définitive de la lagune du Caban.
Face à l’obstination du Grand Port Maritime de Marseille à vouloir maintenir son projet dans sa forme actuelle, l’association envisage également de saisir la Commission Européenne et le comité permanent de la Convention Internationale de Berne.
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NACICCA