Gazoduc Éridan : Enquête publique jusqu’au 31 octobre !

Si le mot Éridan sonne familièrement à vos oreilles, peut-être est-ce dû à sa prestigieuse ascendance. En effet, il s’agit à l’origine d’un dieu-fleuve de la mythologie grecque, parfois apparenté au Rhône, qui a par la suite donné son nom à une constellation de l’hémisphère sud. C’est également ainsi qu’on a baptisé un chasseur de mines de la Marine française. Mais si cela ne vous dit rien, alors il est fort probable que ce soit du projet de gazoduc homonyme, de la société GRTgaz que vous ayez entendu parler.

Car Éridan est aussi le nom donné à un projet de conduite de gaz de 220 km en plein dans la vallée du Rhône, destinée à relier Saint-Martin-de-Crau à Saint-Avit (Drôme). Les premières études de terrain ont commencé en 2007 et sa mise en service est prévue pour 2016. Nous en sommes aujourd’hui au stade de l’enquête publique.

Qu’y a-t-il à savoir ?

Selon la société GRTgaz, porteur du projet, l’objectif est de  » développer les capacités de transport de gaz naturel dans le sud-est du pays, sur l’axe Sud – Nord « , la capacité du réseau actuel étant jugée insuffisante au regard des perspectives de nouveaux points d’entrée de gaz naturel sur le territoire français.

Lesdites perspectives, pour faire simple, c’est la construction de nouveaux terminaux méthaniers sur le territoire du grand port maritime de Marseille (souvenez vous, NACICCA et les autres associations avaient déserté le débat public sur ces projets tant la mauvaise foi était de mise dans la présentation des industriels).

En clair, le projet Eridan n’est en fin de compte qu’un projet spéculatif de plus sur les énergies fossiles. En effet, le Grenelle de l’environnement (souvenez vous !) prévoyait la stagnation de la consommation de gaz par les foyers français par la maîtrise du gaspillage énergétique…alors même qu’on multiplie les infrastructures de stockage. Qu’est ce qu’on va faire de tout ce gaz si ce n’est le stocker et spéculer, pour le revendre à l’industrie ?

L’ironie dans tout ça, c’est que la société ose justifier la nécessité du projet en assénant l’argument de  » l’évolution du contexte énergétique  » alors que c’est justement l’exploitation à outrance des énergies non-renouvelables qui fait que les prix grimpe ! Loin de résoudre le problème de la surconsommation d’énergie dans les pays développés, de l’épuisement des ressources et du réchauffement climatique, on en rajoute une couche ! Et encore une fois, on brandit, comme un permis de détruire, la notion de l’intérêt public majeur, s’il vous plaît !

Le même intérêt public qui autorise une société à 75% privée à balafrer une fois de plus nos paysages (pas moins de 4 départements et 81 communes sont touchés) et de léser au passage la nature et les exploitations ayant eu la mauvaise idée de se trouver sur le tracé… Chez nous, ce ne sont notamment que ( !) des prairies en AOC foin de Crau classées en zone Natura 2000 qui seront éventrées… Sans compter que l’enfouissement de la canalisation implique d’attaquer le poudingue qui protège la nappe phréatique de la Crau, ce qui n’est pas franchement rassurant quand on sait que celle-ci alimente en eau potable près de 300 000 personnes…

Un tracé alternatif, passant plus au nord et longeant l’un des gazoducs déjà existants (tant qu’à faire…) n’a pourtant pas manqué d’être proposé, sans succès. De toute façon, comme pour tous les grands projets inutiles qu’on nous impose, notre position à NACICCA c’est : ni ici, ni ailleurs. En l’occurrence nous refusons la politique de gaspillage énergétique et les recours systématiques aux énergies fossiles.

GRTgaz peut bien fleurir ses discours au accents du développement durable, les citoyens ne sont pas dupes.

Alors jusqu’au 31 octobre, vous aussi venez vous exprimer à l’enquête publique qui se tient dans les mairies des communes concernées par le tracé du gazoduc !