Grand Rhinolophe, Pipistrelle de Kuhl, Murin à oreilles échancrées, Molosse de Cestoni… Quels drôles de noms ! Il s’agit là de quelques espèces de chauves-souris présentes en Camargue et ses environs. Au total, on peut en dénombrer 24 dans les Bouches-du-Rhône parmi les 33 recensées en France. Les chauves-souris (ou chiroptères) sont des mammifères qui ont la particularité de voler avec leurs mains (du grec kheir : main, pteros : aile). Vivant la nuit, elles sont souvent méconnues, intrigantes, voire inquiétantes. Inoffensives pour l’homme dans nos régions, elles mériteraient pourtant bien plus de considération. De par leur mode de vie déjà, car elles se nourrissent uniquement d’insectes (moustiques, coléoptères, papillons de nuit…).
Mieux les connaître pour les apprécier… et les protéger
Sous nos latitudes, les chauves-souris se nourrissent uniquement d’insectes (moustiques, coléoptères, papillons de nuit…). La plus petite chauve-souris européenne peut consommer l’équivalent en poids de 3000 moustiques en une nuit ! Pour survivre l’hiver, en l’absence de proies, les chauve-souris entrent en hibernation. Leur rythme cardiaque diminue, leur température corporelle chute, leur respiration ralentit. Elles se rassemblent alors en colonies pour limiter les pertes de chaleur et économisent ainsi leur énergie. Bien qu’elles gîtent dans la nature (grottes, trous d’arbres), les chauves-souris fréquentent souvent nos bâtiments, à la campagne comme en ville. Certaines se glissent sous les tuiles, derrière les volets ou dans de petites fissures de murs. D’autres utilisent des caves ou combles accessibles. Chacun d’entre-nous peut faire en sorte que la cohabitation se passe au mieux pour participer à la conservation de ces extraordinaires animaux. Car la dégradation de leurs gîtes fait partie des principales causes de leur disparition, avec la perte des terrains de chasse, la raréfaction des proies due aux traitements insecticides ou vermifuges du bétail, les dérangements (notamment en période d’hibernation), et les collisions avec les automobiles. Si toutes les espèces sont protégées en France, leurs population sont souvent en diminution alarmante.
Lorsque des travaux sont réalisés dans des maisons individuelles, la première chose à éviter en présence de chauves-souris est de condamner les accès. Ensuite, il est préférable d’utiliser un produit de traitement fongicide et insecticide non nocif pour les charpentes, comme le sel de Bore par exemple. L’idéal est de réaliser ce traitement à une période où les chauves-souris sont allées rejoindre de nouveaux quartiers (en automne si elles n’hibernent pas sur place). De plus, il vaut mieux injecter le produit dans la charpente que le pulvériser. Le mieux est encore d’utiliser des bois ne nécessitant pas de traitement (châtaignier, douglas, mélèze, etc.) S’il est vraiment nécessaire de boucher une fissure de mur accueillant des chiroptères, il faut agir le soir, après leur sortie pour la chasse, pour ne pas les emmurer vivantes. Dans ce cas, la pose d’un nichoir de substitution à proximité (faux volet ou nichoir artificiel) est conseillé. Il est possible d’éviter de nombreux désagréments pour les chauves-souris dans votre jardin. En préservant les haies (à partir desquelles elles se dirigent), en limitant les traitements insecticides sur les plantations, en évitant d’abattre les arbres troués ou fendus dans lesquels elles peuvent trouver refuge… Enfin, une bâche tendue au sol peut éviter le désagrément des dépôts de guano dans les greniers (à retirer après le départ des chauves-souris). Guano qui, suffisamment dilué, peut- être un excellent engrais pour les plantations.
Mais les chauves-souris sont aussi victimes des travaux dans les bâtiments publics. Il est fréquent en effet qu’elles soient enfermées vivantes dans les fissures des piles de pont lorsque celles-ci sont consciencieusement bouchées. Regardez maintenant autour de vous et vous verrez le grand nombre de situations critiques pour elles. Dans le cas où vous identifieriez des travaux « à risques » pour les chauves-souris, sachez qu’il est illégal de les détruire. Mais il ne faut pas être dupe. Bien qu’ils en aient l’obligation légale, les aménageurs ne prennent que rarement en compte la présence de ces espèces protégées dans les bâtiments à rénover. Pourtant des solutions efficaces existent pour prendre en compte les chauves-souris dans le cas de travaux de rénovation. Prévenez au plus vite les associations de protection de la nature les plus proches de chez vous, qu’elles soient ou non spécialisées dans les chauves-souris. Tout en permettant la rénovation du bâti, cela permettra peut-être de sauver une colonie.