Le port de Marseille s’apprête à détruire des plantes endémiques qu’on croyait disparues en Camargue

Le nouveau projet stratégique du Grand Port Autonome de Marseille prévoit, aux échéances de 2013 et de 2020, de multiples aménagements sur sa Zone Industrialo-Portuaire de Fos sur Mer. Sur le site des anciens salins du Caban et du Relai, il est notamment envisagé le percement d’une liaison fluviale ainsi que la création de lourdes infrastructures logistiques et industrielles.

 
 

Ces anciens salins constituent pourtant un espace naturel remarquable d’une surface de 1600 hectares, en continuité avec la Camargue. Ils sont classés en Zone de Protection Spéciale au titre de la directive européenne « oiseaux » et inventoriés comme Zone Naturelle d’Intérêt Ecologique Faunistique et Floristique.

 

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Les enjeux du salin du Caban pour la conservation de la biodiversité sont suffisants que le Conseil National de Protection de la Nature (CNPN) ait demandé son intégration au périmètre d’étude pour l’extension du Parc Naturel Régional de Camargue.

 

Parallèlement aux études d’impact environnemental et évaluation d’incidences Natura 2000 actuellement en cours pour ce projet, sous la maîtrise d’ouvrage du Grand Port de Marseille, NACICCA a réalisé ce printemps des inventaires biologiques sur le salin du Caban, notamment de flore aquatique. Ces inventaires ont mis au jour un patrimoine écologique exceptionnel. L’endroit abrite en effet quelques 90 % des surfaces connues en France de l’Althénie filiforme, une espèce protégée, endémique du nord du bassin méditerranéen. Le Caban est d’autre part le seul endroit en France où se rencontre la charophyte Tolypella salina, redécouverte ici alors qu’on la croyait disparue de notre pays depuis trente ans !! Le Caban est la 7ième station connue au monde pour cette espèce. Enfin, une importante population de la rare charophyte Lamprothamnium papulosum a été découverte (voir la note technique détaillée ci-dessous).

 

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Compte tenu de l’importance du salin du Caban pour la conservation des espèces découvertes, de la très bonne qualité de l’habitat alors qu’au niveau national les lagunes présentent un état de conservation « défavorable mauvais » (MNHN), NACICCA demande l’annulation du projet sous sa forme actuelle et l’étude de solutions alternatives, comme le prévoit la règlementation. Tout spécialement, NACICCA souhaite qu’aucun aménagement ne menace l’intégrité physique ou le fonctionnement écologique très particulier du salin du Caban. Toute modification du régime hydrique aurait en effet des conséquences désastreuses sur les groupements de plantes hydrophytes, dont l’amplitude écologique est très faible.

 

NACICCA a saisi à ce sujet l’administration de l’environnement, le CSRPN PACA, le Conservatoire Botanique National, le Conseil National de Protection de la Nature ainsi que de nombreuses structures impliquées dans la conservation de la biodiversité (voir notre Communiqué de Presse téléchargeable ci-dessous).

 

2010 sera l’année de la biodiversité. NACICCA restera très vigilante et mobilisée pour que ses composantes les plus fragiles, les plus menacées soient épargnées de la destruction, voire de l’extinction.

 
 

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