Des Lézards ocellés détruits sans autorisation à Saint-Gilles : NACICCA porte plainte

Après la découverte de deux Lézards ocellés morts suite à des travaux engagés par la Communauté d’Agglomération de Nîmes Métropole et la municipalité de Saint-Gilles, NACICCA dépose une plainte pour destruction d’espèces protégées et d’habitat d’espèces protégées.

En 2011, un arrêté préfectoral valide la Déclaration d’Utilité Publique autorisant la construction d’une station d’épuration d’une capacité de 36 000 EH (Equivalent-Habitant) à proximité du château de La Baume sur la commune de Saint-Gilles. Cet équipement sera accompagné d’une plateforme de traitement des boues d’une capacité de 80 000 EH destinée à recevoir les boues des communes voisines.

 

La parcelle concernée par ce projet se situe en costière de Saint-Gilles, à proximité du Canal du Rhône à Sète et du château d’Espeyran. Il s’agit d’une friche agricole, bordée par de la ripisylve, une roselière et des cultures (vignobles et arboriculture). Pourtant obligatoire pour ce type d’aménagement, aucune étude évaluant les impacts du projet sur le milieu naturel n’a été réalisée. Les porteurs du projet et les services de l’état se sont ainsi satisfaits d’une étude portant sur une carrière voisine. Le tribunal administratif de Nîmes a d’ailleurs suspendu le projet en raison d’une étude d’incidence au titre de la loi sur l’eau incomplète.

 

Malgré tout, début juillet, en pleine période de nidification des oiseaux et en dehors de toute autorisation administrative, les services de Nîmes Métropole ont procédé à des travaux de défrichage et à la pose de clôtures avec barbelés, assimilés selon eux à de simples travaux d’entretien du terrain.

 

parcelle choisie pour accueillir le projet
parcelle choisie pour accueillir le projet
Parcelle après les travaux de défrichage
Parcelle après les travaux de défrichage

C’est durant ces travaux de défrichage que deux Lézards ocellés (Timon lepidus) ont été retrouvés morts sur la parcelle. Les deux individus détruits ont été photographiés et un constat a été établi par un huissier. Cette espèce, protégée sur l’ensemble du territoire, est considérée comme vulnérable en France par l’UICN et en forte régression, particulièrement en Camargue. Un Plan National d’Actions est d’ailleurs dédié à ce reptile jusqu’en 2016. Alors que les services de l’état et la Communauté d’Agglomération de Nîmes Métropole avaient connaissance de la présence du Lézard ocellé sur ce site (ainsi que celle d’autres espèces protégées), aucun dossier de demande d’autorisation de destruction d’espèce protégée n’a été produit, comme l’impose pourtant la loi.

 

lézard ocellé 1 retrouvé mort suite aux travaux de défrichage
lézard ocellé 1 retrouvé mort suite aux travaux de défrichage
lézard ocellé 2 retrouvé mort suite aux travaux de défrichage
lézard ocellé 2 retrouvé mort suite aux travaux de défrichage

Les opérations de défrichage du terrain ont également entrainé la destruction illégale de l’habitat d’espèces protégées utilisant la parcelle pour se nourrir ou se reproduire telles que le Rollier d’Europe (un oiseau), la Diane (un papillon diurne) ou le Grand Rhinolophe et le Murin à oreilles échancrées (deux espèces de chauves-souris). Ces espèces bénéficient d’une protection stricte sur le territoire français, incluant la protection de leur habitat et présentent dans notre région de forts enjeux de conservation. Les deux espèces de chauves-souris ont ainsi bénéficié du programme européen Life + Chiro Med (2010-2014) visant à assurer leur conservation et leur gestion, notamment dans le département du Gard, en Camargue. La Diane quant à elle se rencontre uniquement dans le sud de la France et subit depuis plusieurs années une perte considérable de la surface de ses habitats.

 

Ainsi, il ne nous parait pas acceptable que des espèces protégées et menacées, pour lesquelles des politiques publiques de conservation sont engagées, puissent être détruites ou impactées délibérément de la sorte sans aucune demande d’autorisation pourtant imposée par la loi, ni mise en œuvre de mesures compensatoires le cas échéant.

 

Suite à ce délit, NACICCA a porté plainte auprès du Tribunal de Grande Instance de Nîmes pour destruction sans autorisation d’espèces protégées et destruction sans autorisation d’habitat d’espèces protégées.

 

Enfin, s’ajoutent également à ces faits scandaleux de nombreuses interrogations quant à la réelle utilité des installations prévues qui semblent d’une ampleur démesurée par rapport aux besoins des habitants la ville de Saint-Gilles, ou encore la nature de ce projet qui n’apparait pas cohérent avec les caractéristiques environnementales du site : zone humide protégée par la convention de Ramsar, Zone Importante pour la Conservation des Oiseaux (ZICO), Zone Naturelle d’Intérêt Écologique Faunistique et Floristique (ZNIEFF) de type II, Site inscrit et Grand Site de France, et enfin Espace Naturel Sensible (ENS).

 

Dans tous les cas, comptez sur nous pour vous tenir informés de la suite donnée à notre plainte et du devenir de ce projet dans les prochains mois.