Vraie concertation ou… simple communication ?

S’il y avait eu un temps de parole libre, voici ce que les associations auraient également exprimé.

 

Face aux oppositions et controverses suscitées par ses derniers projets [1], le grand port maritime de Marseille (GPMM) a lancé l’année dernière un dispositif de concertation continue sur l’avenir de la zone industrialo-portuaire. Au-delà de la restitution officielle qui en est faite ce 26 octobre à Port-Saint-Louis du Rhône, nous voulons souligner les limites de l’exercice et réitérer des demandes fortes relatives à l’aménagement de ce territoire.

Une concertation placée sous la houlette du seul GPMM : nous regrettons que la commission nationale du débat public (CNDP), associée de manière informelle en début du processus, n’ait finalement pas été saisie officiellement par l’Etat. En son absence, la concertation est désormais placée sous la seule responsabilité du conseil de développement du GPMM, sans aucune garantie de prise en compte par les instances décisionnelles.

 

Pas de moratoire sur les projets : pendant la concertation, le port ne sursoit à aucun projet, aussi impactant soit-il : le terminal méthanier de Fos-faster, le projet de liaison fluviale, ou l’aménagement complet du Caban nord.

 

Des thématiques essentielles exclues de la concertation : tandis que l’activité industrialo-portuaire et le trafic associé génèrent des pollutions dont l’impact est chaque jour plus évident, des thématiques comme la santé et le cadre de vie ont délibérément été exclues de la concertation.

 

Le projet stratégique du port comme figure imposée : le port a exclu que la concertation puisse revenir sur les grands objectifs de son projet stratégique (massification du trafic container, extension des capacités de stockage méthanier) alors même que ces objectifs sont contestés pour leurs impacts sur la santé publique, la sécurité, l’environnement et le cadre de vie des habitants. De surcroît, de nombreux experts pointent du doigt les incohérences de ce projet étant donnés les contextes économique et géopolitique actuels.

 

De concertation en… communication

 

Les conditions imposées par le GPMM dès le début de la concertation avaient de quoi laisser perplexes quant à la sincérité du processus. C’est pourquoi de nombreuses associations ont décidé de boycotter les débats. Ainsi, dans le groupe biodiversité, seules deux d’entre elles ont régulièrement participé aux réunions. Jean-Marc Charrier, président d’une des commissions du Conseil de développement du port a déclaré que la concertation avait permis de « trouver un terrain d’entente ». Il n’en est rien : les discussions n’ont aujourd’hui pas permis de faire émerger un projet concerté à l’échelle du territoire.

 

C’est pourquoi nos associations, partie prenantes de la concertation, ont aujourd’hui le sentiment d’un dévoiement de ce processus en simple opération de communication.

 

Renouer avec une véritable concertation…

 

Nous demandons que le processus engagé en 2011 débouche dès l’année prochaine sur l’élaboration d’un véritable pacte de concertation, opposable, à l’échelle du territoire. Ce pacte devra garantir au minimum :

 

    • la préservation intégrale de la lagune naturelle du Caban en raison de sa biodiversité remarquable et une réflexion collective et globale sur les reports modaux ;

 

    • le lancement d’une étude épidémiologique de mortalité et de morbidité sur les conséquences sanitaires des pollutions d’origine industrielle à l’échelle de la zone de Fos et de ses environs ;

 

    • la réalisation, par une structure indépendante, d’une étude prospective sur les conséquences de la massification du trafic container : développement des infrastructures routières, artificialisation des sols, consommation d’espace, émission de particules fines.

 

  • l’inscription du développement portuaire dans une véritable démarche de responsabilité écologique et sociale (transport public, réduction des impacts sur la biodiversité, contribution de la zone à la transition énergétique et aux objectifs nationaux de réduction des émissions de CO2 ).

 

POUR EN SAVOIR +

 

[1] Bronca des associations et des riverains contre l’incinérateur et le projet de méthanier de Fos-Cavaou, débat public Fos 2XL, condamnation du géant du meuble IKEA, désertion des associations de protection de la nature du débat public autour des terminaux méthaniers Fos Faster et Fos Tonkin